Boko Haram a adapté ses méthodes de financement en exploitant les cryptomonnaies, les plateformes de paiement mobile et d’autres outils numériques. Ces moyens lui permettent de transférer des millions de dollars issus de rançons, de pillages et de prélèvements forcés appelés zakat, tout en échappant à la surveillance bancaire classique.
Au Nigeria, où environ un tiers de la population utilise les cryptomonnaies pour des paiements quotidiens, le groupe tire parti de ce marché numérique florissant. Entre juillet 2023 et juin 2024, 59 milliards de dollars ont été échangés en cryptomonnaies dans le pays. Le recours aux plateformes peer-to-peer non régulées facilite la réception de fonds en provenance de sources locales et internationales sans passer par le système bancaire.
Malgré les efforts des autorités, comme le gel de plus de 1 100 comptes liés au terrorisme en 2024 et la condamnation de membres de Boko Haram, la traque des financements reste difficile. Le groupe utilise également des bureaux de change non officiels et des terminaux de paiement mobile pour dissimuler ses transactions.
Des experts soulignent que la lutte contre ce financement numérique passe par un renforcement de la régulation des échanges cryptos, une meilleure coopération entre régulateurs et forces de l’ordre, ainsi que par des réformes sociales pour réduire la vulnérabilité économique qui alimente ces réseaux.