Trump façonne son OTAN : un sommet à son image, entre fermeté, flatterie et chantage commercial


Le sommet de l’OTAN de La Haye en juin 2025 s’est déroulé sans éclat diplomatique majeur. Un exploit en soi, vu la personnalité du président américain Donald Trump, qui qualifiait encore l’Alliance d’« obsolète » il y a quelques années. Mais cette fois, les Alliés ont joué la carte Trump à fond — quitte à remodeler l’organisation selon sa vision.

Une OTAN « plus létale », selon Trump et Rutte

Le grand titre de ce sommet : les membres de l’Alliance atlantique ont validé une augmentation historique des budgets de défense. La barre est désormais fixée à 3,5 % du PIB (contre 2 % auparavant), avec un supplément de 1,5 % dédié aux infrastructures militaires. Pour Trump, c’est un « succès monumental » qu’il s’est empressé de revendiquer seul, comme preuve de sa capacité à forcer l’Europe à « cesser de vivre aux crochets des États-Unis ».

Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, nouveau venu au poste, a piloté le sommet avec une précision chirurgicale : emploi du temps serré, flatteries bien calibrées, et même une nuit de prestige pour Trump dans une suite royale néerlandaise. « C’est une alliance plus forte, plus équitable et plus létale que nous construisons », a-t-il déclaré à l’issue des échanges.

L’Europe sauve les apparences, Trump sauve son image

Malgré des déclarations contradictoires — Trump remettait encore en question l’article 5 de défense mutuelle en route vers le sommet — le président a fini par affirmer « soutenir les Alliés à 100 % ». Dans les coulisses, plusieurs chefs d’État européens ont noté un ton étonnamment amical et coopératif de sa part. La réalité, cependant, est plus nuancée : ce semblant d’unité est conditionné par la capitulation des Européens sur plusieurs fronts.

L’Espagne, dans le viseur de Trump

Madrid, dont les dépenses militaires restent autour de 2,1 %, se retrouve sous pression directe. Si le compromis laisse une marge à l’Espagne tant qu’elle livre les capacités militaires promises, Trump n’entend pas laisser passer ce qu’il perçoit comme de la mauvaise volonté. Il a menacé de doubler les taxes commerciales contre l’Espagne, accusant Pedro Sánchez de chercher un « passe-droit ».

Zelensky relégué, mais apaisé

Absent de la session plénière principale, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été visiblement mis à l’écart — sans doute pour ne pas heurter Trump. Leur face-à-face en marge du sommet s’est déroulé sans incident, ce qui, compte tenu des tensions passées, est déjà une victoire symbolique. Aucune avancée concrète, mais une atmosphère « bonne » selon les deux parties.

Conclusion : une OTAN version Trump

À la fin du sommet, Trump semblait satisfait. « Ce n’est pas une arnaque. Ces gens aiment vraiment leur pays. On est là pour les aider à se défendre », a-t-il lancé avant de reprendre l’Air Force One.

L’OTAN 2025, sous la houlette de Trump, est plus musclée, plus dispendieuse — et sans aucun doute plus imprévisible.

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