Quelques instants avant qu'il ne se soit apparemment tiré une balle dans la tempe gauche, le lanceur d'alerte de Boeing, John Barnett, était assis sur le siège avant de son camion Dodge Ram orange et a griffonné ses dernières pensées dans un cahier. "Je ne peux plus faire ça ! Assez!" a-t-il écrit, selon une note "F**K Boeing."
Barnett se préparait pour sa troisième journée de témoignage épuisant avant sa mort le 9 mars. "Amérique", a-t-il poursuivi, "Rassemblez-vous ou mourez !! Je prie pour cet enfoiré, qui a détruit mon salaire à vie !!! Je prie pour que Boeing paie !!! Enterrez-moi face contre terre pour que Boeing et leurs dirigeants menteurs puissent m'embrasser le cul."
Les autorités affirment avoir authentifié l'écriture manuscrite comme appartenant à Barnett. Seules ses empreintes digitales ont été retrouvées sur le carnet.
Dans la lettre, Barnett envoie également des missives à ses proches. "À ma famille et à mes amis, j'ai trouvé mon but", a-t-il écrit. "Je suis en paix. Je t'aime pour toujours."
Barnett était un ingénieur en contrôle qualité qui a travaillé pour Boeing pendant plus de trois décennies avant de prendre sa retraite en 2017.
Au cours de son mandat, il dit avoir déposé de nombreuses plaintes en matière de sécurité auprès de ses patrons, qui, selon lui, n'ont pas été entendues, en particulier lorsqu'il travaillait à l'usine de Charleston. Barnett a affirmé que ses patrons avaient ensuite riposté contre lui et aurait eu un rôle plus administratif.
Deux ans plus tard, il a déclaré à la BBC que Boeing avait fait des économies en se précipitant pour retirer ses 787 Dreamliner de la chaîne de production et les mettre en service. Boeing a fait l'objet d'une surveillance accrue ces derniers mois en raison d'une myriade de problèmes sur ses avions, notamment en janvier lorsqu'une porte a explosée lors d'un vol d'Alaska Airlines.
À la suite du fiasco en vol du 5 janvier, la Federal Aviation Administration a découvert des problèmes de contrôle qualité « inacceptables » lors d’un audit chez Boeing et son fournisseur Spirit AeroSystems.
Barnett a été retrouvé mort le matin du 9 mars après ne pas s'être présenté au troisième jour de dépositions sur les pratiques de sécurité de Boeing. Ses avocats et sa famille ont remis en question les circonstances du suicide et ont déclaré qu’il ne semblait pas découragé dans les jours qui ont précédé le suicide présumé.
La note de suicide a été publiée par le département de police de Charleston, qui a clôturé son enquête sur sa mort, concluant qu'il s'était suicidé.
