La décision du Pentagone de suspendre certaines livraisons d’armements à l’Ukraine provoque une onde de choc diplomatique. Kyiv a convoqué mercredi un haut représentant de l’ambassade américaine pour obtenir des explications sur l’arrêt de l’aide militaire convenue.
Le département de la Défense américain aurait gelé l’envoi de missiles de défense aérienne Patriot (PAC-3), de munitions de précision et d’autres armements en raison d’une inquiétude croissante concernant la diminution des stocks stratégiques américains. Une décision motivée par la volonté de “mettre les intérêts des États-Unis en premier”, selon la Maison-Blanche.
Mais pour l’Ukraine, ce gel tombe au pire moment : les villes subissent des frappes aériennes russes incessantes, et les troupes ukrainiennes peinent à contenir les offensives ennemies sur plusieurs fronts.
« Tout retard dans l’assistance militaire encourage l’agresseur à poursuivre ses attaques plutôt qu’à envisager la paix », a déclaré la vice-ministre ukrainienne des Affaires étrangères, Mariana Betsa.
Si Kyiv reconnaît les efforts passés de Washington, elle n’a toutefois reçu aucun avis officiel sur cette suspension, semant l’incertitude sur le terrain.
Ce n’est pas la première fois que l’administration Trump interrompt l’aide militaire : une première suspension avait eu lieu en mars, alors que la Maison-Blanche cherchait à contraindre l’Ukraine à entrer en négociation avec la Russie.
Cette nouvelle suspension a été décidée par Elbridge Colby, directeur de la politique du Pentagone, connu pour ses réticences à un soutien prolongé à l’Ukraine. Pourtant, des experts remettent en question le bien-fondé de ces craintes. Le stock américain de missiles PAC-3 serait encore relativement stable grâce à des achats compensatoires au Japon et à une hausse de la production.
Alors que Moscou salue cette décision comme un pas vers la fin de son “opération militaire spéciale”, Kyiv insiste sur l’urgence de maintenir la stabilité des livraisons, notamment en matière de défense antiaérienne.