Le pardon accordé par le président Joe Biden en décembre à Michael Conahan, un juge disgracié de Pennsylvanie impliqué dans un scandale de trafic d’enfants, a provoqué l’indignation de nombreux militants. Conahan avait été responsable d'incarcérer des enfants dans le cadre d’un système de pots-de-vin en échange de l'emprisonnement de mineurs, détruisant ainsi la vie de centaines de familles. La décision de Biden, qui a inclus Conahan parmi ses pardons de fin de mandat, a été largement critiquée, notamment au regard du faible nombre de commutations de peines réalisées (seulement 1500 personnes), ce qui a été jugé insuffisant par rapport à l’ampleur de l’incarcération massive aux États-Unis.
Cette colère a été exacerbée par les commentaires de certains figures libérales comme Armand Domalewski, qui, au lieu de s’interroger sur les enjeux de la justice pénale, s’est attaqué aux militants pour l'abolition des prisons et aux mouvements de réhabilitation. Domalewski, ainsi que d'autres membres du centre-gauche, ont utilisé les victoires et défaites politiques pour régler des comptes personnels plutôt que de s'attaquer aux véritables problèmes rencontrés par leurs électeurs. Ce type de comportement, caractérisé par un mépris et un snobisme manifeste, n'est pas nouveau au sein du Parti démocrate. Après chaque défaite électorale, l'une des réponses habituelles de certains démocrates a été de se concentrer sur la culpabilité de l'électorat plutôt que de réfléchir aux faiblesses internes du parti.
Ce mécontentement trouve son origine dans l'incapacité persistante du parti à s'engager véritablement avec les électeurs, notamment ceux des classes populaires, qui perçoivent de plus en plus les démocrates comme des élites déconnectées de la réalité. L’accent mis par le Parti démocrate sur les questions culturelles, souvent au détriment des préoccupations économiques concrètes, a aliéné de nombreux électeurs qui étaient auparavant fidèles au parti. L’idée que les électeurs soutenant Trump sont trop "stupides" pour comprendre les conséquences de leur vote et qu'ils méritent de souffrir a exacerbé cette fracture.
Plutôt que d’affronter les problèmes internes du parti, les démocrates ont opté pour une stratégie consistant à privilégier les influenceurs fidèles, récompensant la loyauté au détriment de l'élargissement de la base électorale. Ce fut le cas après les élections, lorsque Biden a accueilli des personnalités des médias qui semblaient plus intéressées par la récompense de la loyauté que par l’ouverture à de nouveaux électeurs. Cette attitude de "punir ceux qui ne sont pas avec nous" a non seulement été inefficace, mais elle a également contribué à l’effritement du soutien démocrate dans des zones clés, entraînant un changement dans les résultats de l’élection de 2024. La perte de 6 millions de voix par rapport aux résultats de 2020, contrastée avec l’augmentation de 3 millions de voix pour Trump, a mis en lumière les conséquences de cette incapacité à comprendre son propre électorat.
Face à cette situation, le Parti démocrate doit faire un choix crucial : continuer sur cette voie consistant à aliéner ses alliés potentiels et à se concentrer sur la gauche, ou bien s’engager dans une réelle démarche de reconquête des électeurs perdus, tout en maintenant sa base fidèle. La réponse passe par la prise de conscience, l’humilité et une volonté de changement. Poursuivre dans le snobisme élitiste ne fera qu’enfoncer le parti, tandis qu’un retour aux valeurs d’empathie, d’inclusivité et de dialogue véritable avec toutes les factions du parti offrirait des perspectives de reconstruction et de reconquête du soutien perdu.
En fin de compte, l’avenir du Parti démocrate dépend non pas d’une division interne, mais d’un renouvellement qui aborde les problèmes sous-jacents d'inégalité, de corruption et du désenchantement croissant des classes populaires. Ce n’est qu’à travers une véritable réflexion et un engagement avec les électeurs que le parti pourra espérer regagner sa place et remporter les élections futures.