Une frappe historique remet le Massive Ordnance Penetrator sur le devant de la scène
Dans ce que le Pentagone a baptisé "Operation Midnight Hammer", les États-Unis ont utilisé pour la première fois en combat réel leur bombe anti-bunker de 14 tonnes, la GBU-57/B Massive Ordnance Penetrator (MOP), contre les installations nucléaires fortifiées de l’Iran. Quatorze bombes ont été larguées depuis des bombardiers furtifs B-2 Spirit : douze sur Fordow, deux sur Natanz. L’attaque, d’une précision chirurgicale, a relancé l’attention sur un programme stratégique longtemps tenu discret : le Next Generation Penetrator (NGP), ou successeur du MOP.
Vers une nouvelle génération d’armes pénétrantes
Le GBU-57/B est un géant : plus de 9 mètres de long, 14 tonnes, guidé par GPS et INS, conçu pour frapper profondément dans la roche ou le béton armé. Pourtant, l’US Air Force travaille déjà sur une version plus avancée, plus précise et plus flexible.
Selon un appel d’offres de février 2024, le NGP devra :
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peser moins de 10 tonnes,
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combiner effets de souffle, fragmentation et pénétration,
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offrir une précision terminale de 2,2 mètres (CE90), même sans GPS,
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intégrer une technologie de détection de vide (void-sensing fuzing) pour exploser à la profondeur optimale.
Objectif : frapper plus fort, plus profondément, avec plus de contrôle, même dans des zones soumises à de puissants brouillages.
Leçons de l’attaque sur l’Iran
Les images satellites des sites de Fordow et Natanz montrent des cratères impressionnants, mais la profondeur exacte des dommages reste classifiée. Le débat stratégique reprend : les bunkers iraniens seraient-ils déjà au-delà des capacités du MOP ? Cette incertitude pousse à accélérer la R&D autour du NGP, pensé pour percer des cibles plus dures et plus profondes.
Un défi technologique et stratégique
L’USAF envisage plusieurs formats :
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un NGP avec propulsion intégrée pour frapper à distance (standoff),
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un NGP plus petit pour intégrer les futurs bombardiers B-21 Raider, voire les chasseurs furtifs F-35 (projet GPAW),
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une famille d’armes au lieu d’un unique modèle.
Les enjeux ne concernent pas que l’Iran. La Corée du Nord, la Chine et la Russie ont multiplié les infrastructures souterraines durcies : bunkers à missiles, centres de commandement enfouis, hangars dans les montagnes. L’attaque américaine relance une course mondiale à l’invulnérabilité souterraine.
Un besoin face à la nouvelle guerre des airs
D’ici 2050, l’USAF estime que les défenses anti-aériennes adverses auront des portées de 1 600 km (1 000 miles). Même furtifs, les B-2 ou B-21 devront frapper depuis l’extérieur des bulles A2/AD ennemies. Un NGP motorisé devient alors indispensable pour éviter les pertes humaines et maximiser l’effet de surprise.
Et maintenant ?
Le programme NGP est encore en phase de conception, mais le rythme s’accélère. L’USAF vise la livraison de :
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10 prototypes réduits,
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3 à 5 prototypes pleine taille, d’ici 18 à 24 mois après le contrat.
L’attaque sur l’Iran a démontré que le MOP n’était pas un simple outil dissuasif, mais une capacité offensive réelle. Avec les tensions croissantes au Moyen-Orient et en Asie-Pacifique, le bunker buster de prochaine génération pourrait devenir une pièce maîtresse de la supériorité stratégique américaine.