Crise Iranienne : La Russie se distancie de Trump après les frappes américaines et adopte un ton de rupture stratégique


Dans un développement qui pourrait marquer un tournant géopolitique majeur au Moyen-Orient, l’ancien président russe et vice-président du Conseil de sécurité Dmitri Medvedev a publié une analyse critique de la situation en Iran sur son canal Telegram, dans la foulée des frappes américaines contre les sites nucléaires de Fordow, Natanz et Ispahan. Ce commentaire traduit un changement significatif dans la posture russe face à la politique étrangère de Washington, et en particulier vis-à-vis du président Donald Trump.

Medvedev, l'une des figures les plus écoutées au Kremlin, a dénoncé dans un texte structuré en dix points l’inefficacité stratégique, l’imprudence diplomatique et les conséquences régionales de l’attaque américaine menée le 22 juin sans consultation préalable de Moscou — une décision perçue comme une trahison par les autorités russes, alors que Poutine avait accepté, début juin, d’agir comme médiateur entre Washington et Téhéran.


Une rupture affichée avec Washington

Dans sa critique virulente, Medvedev accuse les États-Unis d’avoir non seulement échoué à neutraliser les capacités nucléaires iraniennes, mais d’avoir renforcé le régime politique en place et précipité une consolidation du peuple iranien autour du Guide suprême. Il estime que cette attaque va paradoxalement accélérer le programme nucléaire militaire iranien, tout en isolant davantage les États-Unis sur la scène internationale.

Fait marquant : Medvedev suggère pour la première fois que plusieurs pays pourraient désormais être prêts à fournir des armes nucléaires à l’Iran, une hypothèse qui constitue une rupture radicale avec la position traditionnelle de la Russie en faveur de la non-prolifération.


Trois évolutions clés dans la doctrine russe

  1. La perte de crédibilité du régime de non-prolifération, suite à l’attitude américaine : selon Medvedev, les États-Unis sont désormais eux-mêmes devenus des "proliférateurs", en Europe avec l’OTAN et dans l’Indo-Pacifique avec AUKUS.

  2. L’injustice structurelle imposée à l’Iran, alors que l’allié israélien de Washington, non signataire du TNP, détient un arsenal nucléaire estimé à 200 ogives sans être inquiété.

  3. La nécessité pour les "petits États" de se doter d’une dissuasion nucléaire face aux interventions unilatérales. Medvedev cite l’exemple de la Corée du Nord comme illustration d’un État ayant survécu grâce à la dissuasion nucléaire.


Vers un soutien militaire plus affirmé à l’Iran ?

Poutine, dans une déclaration officielle publiée par le Kremlin après sa rencontre avec le diplomate iranien Abbas Araghchi, a condamné les frappes américaines comme une « agression injustifiée, sans fondement ni légitimité internationale ». Il a affirmé l’engagement de la Russie à renforcer son partenariat avec l’Iran dans le cadre d’une relation de « confiance stratégique ».

Le président russe a par ailleurs évoqué la possibilité d’une coopération renforcée en matière de défense aérienne et a regretté que l’Iran ait décliné certaines propositions russes lors de la signature récente du traité de partenariat stratégique.


Une guerre d’attrition en perspective ?

Medvedev avertit que les États-Unis pourraient se retrouver impliqués dans un conflit terrestre prolongé, rappelant le précédent désastreux de l’Opération Eagle Claw en 1980. L’ampleur des forces iraniennes (plus de 600 000 soldats actifs, 350 000 réservistes et 125 000 membres des Gardiens de la Révolution) rend toute intervention au sol hautement risquée.

L’ombre d’un élargissement régional du conflit plane désormais, avec le risque d’une implication future de la Chine, qui entretient des liens militaires étroits avec l’Iran. Si Trump poursuit sa stratégie militaire, c’est tout l’équilibre stratégique de la région qui pourrait vaciller.


Conclusion

L’intervention de Medvedev marque une mutation stratégique russe : Moscou ne cherche plus à arbitrer, mais assume désormais une position de contre-pouvoir à l’approche américaine au Moyen-Orient. La question reste ouverte : la Russie tentera-t-elle de dissuader Trump d’intensifier les hostilités — ou se contentera-t-elle d’en gérer les conséquences géopolitiques à son avantage ?

Les prochains jours diront si ce virage russe entraînera un réalignement global autour de l’Iran ou précipitera un affrontement durable entre puissances sur le théâtre moyen-oriental.

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