Le manque de réaction significative de la part de l’« Axe de la Résistance » face à la guerre entre Israël et l’Iran met en lumière son épuisement après des mois de combats contre les États-Unis et Israël. Les milices alliées ou sous influence iranienne apparaissent incapables ou peu disposées à soutenir sérieusement l’Iran. Le Hezbollah et le Hamas semblent hors d’état d’agir, tandis que les Houthis et les milices irakiennes semblent surtout peu enclins à s’impliquer davantage.
Si ces groupes restent capables de menacer les intérêts américains au Moyen-Orient, leur absence relative dans le conflit actuel révèle le délitement du réseau régional de milices sur lequel Téhéran comptait historiquement pour riposter à ses adversaires. Quoi qu’il arrive dans les prochains jours et semaines, l’Iran sortira de ce conflit profondément affaibli, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par le Hamas, entraînant l’Iran et ses milices partenaires dans un conflit de deux ans qui a miné la capacité de dissuasion iranienne face à Israël. Malgré des attaques de drones, roquettes et missiles par des groupes basés en Irak, Syrie, Liban et Yémen, Israël a pu poursuivre son offensive contre le Hamas, qu’il a sérieusement affaibli.
Au nord, le Hezbollah a longtemps constitué un problème majeur pour Israël, forçant des dizaines de milliers de civils israéliens à quitter la région pendant plus d’un an. Mais une campagne militaire israélienne de trois mois a fini par affaiblir le Hezbollah au point de le forcer à céder. La riposte iranienne, sous forme d’attaques balistiques en octobre 2024, a été contenue avec des dégâts minimes, et Israël a même détruit une partie des défenses aériennes iraniennes, ouvrant la voie à de futures campagnes.
L’affaiblissement du régime syrien de Bachar al-Assad a aussi aggravé la situation de l’Iran, qui s’appuyait depuis des décennies sur Damas pour acheminer armes et personnels au Hezbollah. Désormais, les routes d’approvisionnement sont compromises et le gouvernement libanais, encouragé par la faiblesse du Hezbollah, commence à s’opposer à ces trafics.
Les autres milices pro-iraniennes, bien que moins touchées, restent réticentes à s’engager pleinement. Les Houthis poursuivent des attaques à longue distance, mais leurs drones et missiles sont facilement interceptés par Israël. Quant aux milices irakiennes, elles sont divisées à l’approche des élections de novembre 2025 et évitent de s’impliquer davantage.
Ces groupes pourraient néanmoins reprendre les attaques contre les forces américaines si les États-Unis entraient directement dans le conflit. Les milices irakiennes et les Houthis pourraient viser des bases et navires américains, tandis que l’Iran menacerait des installations stratégiques dans le Golfe.
En résumé, la campagne aérienne israélienne a mis à nu la fragilité du réseau régional iranien. Le Hezbollah, considéré comme le principal outil de dissuasion iranien, a perdu sa capacité à dissuader Israël, et les attaques ratées de l’Iran en 2024 ont sapé la crédibilité de Téhéran. Quelle que soit l’issue, l’Iran mettra des années à retrouver l’influence régionale qu’il possédait avant octobre 2023. Ce conflit marquera sans doute un tournant stratégique majeur pour Téhéran.
