Le gouvernement minoritaire de François Bayrou survivra — pour l’instant.
Le Rassemblement National a confirmé ce mercredi qu’il ne soutiendrait pas la motion de censure déposée par les socialistes, malgré l’effondrement des discussions sur la réforme des retraites. Mais l’avertissement est clair : la chute de Bayrou n’est qu’une question de temps.
« Son heure viendra. Ce sera à l’automne, pendant le budget », a déclaré Sébastien Chenu, vice-président du RN, au micro de France Inter.
Le Parti socialiste avait annoncé mardi vouloir faire tomber le gouvernement, après l’échec des négociations entre syndicats et patronat. Les discussions portaient sur l’aménagement de la réforme des retraites de 2023, restée massivement impopulaire. Bayrou a refusé de rouvrir le débat au Parlement, ce qui a précipité la rupture.
Les autres forces de gauche se sont ralliées à la motion. Mais pour faire tomber le gouvernement, les voix de l’extrême droite restent indispensables.
« Si on censure Bayrou maintenant, la réforme des retraites reste inchangée », a rappelé Chenu.
Le vrai bras de fer aura lieu cet automne
Le RN veut plutôt utiliser son influence pour négocier à l’automne sur des sujets clés : immigration, énergie, souveraineté. Cette stratégie rappelle celle menée avec l’ancien Premier ministre Michel Barnier, que le RN avait d’abord soutenu — avant de le renverser sur une question de hausses fiscales.
Aujourd’hui, la survie de François Bayrou dépend en grande partie du RN, dont le soutien implicite devient vital, alors que le gouvernement cherche 40 milliards d’euros d’économies pour contenir un déficit estimé à 5,6 % du PIB.
« Toutes les propositions seront étudiées », a déclaré Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, comme pour ouvrir la porte à de possibles concessions.
Analyse : le RN maître du tempo
Le RN joue un jeu d’influence stratégique, en évitant pour l’instant de déclencher une crise ouverte. En choisissant le moment du budget pour agir, il se positionne en faiseur de roi, capable d'imposer ses priorités sur les grands arbitrages économiques et sociaux.
La question désormais : quel prix Bayrou sera-t-il prêt à payer pour rester en poste ?