Un rapport des Nations Unies publié en 2024 révélait que la relation entre le groupe terroriste somalien al-Shabaab et les rebelles Houthis du Yémen était alors « transactionnelle ou opportuniste, et non idéologique ». Cependant, un rapport actualisé en 2025 souligne que ces liens se renforcent et constituent désormais une menace sécuritaire grandissante pour la Corne de l’Afrique et la région de la Mer Rouge.
Selon ce rapport daté du 6 février 2025, des armes, munitions et explosifs transitent régulièrement depuis le Yémen vers les zones contrôlées par al-Shabaab en Somalie, notamment via les ports de Marka et Baraawe. Ces armes ont été utilisées dans plusieurs attaques contre les camps de la Mission de Transition de l’Union Africaine en Somalie (ATMIS) durant l’année 2024.
Le président somalien Hassan Sheikh Mohamud accuse explicitement les Houthis, soutenus par l’Iran, d’alimenter la résurgence d’al-Shabaab par la fourniture d’armements sophistiqués. La situation militaire reste instable, avec des succès et des revers pour l’armée nationale somalienne dans sa lutte contre ce groupe affilié à Al-Qaïda.
L’alliance entre Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique (AQAP) et les Houthis, formalisée en 2022 par un pacte de non-agression, s’est approfondie ces dernières années avec des échanges d’armes et des attaques coordonnées contre le gouvernement yéménite. Al-Shabaab et les Houthis ont ainsi bâti une coopération pragmatique fondée sur le trafic d’armes entre la Somalie et le Yémen, séparés par seulement 280 kilomètres dans certaines zones du golfe d’Aden.
Cette collaboration permet aux Houthis d’accéder à des équipements iraniens et chinois pour développer leur programme de drones armés et de missiles sol-air. En échange, al-Shabaab partage son réseau d’intelligence côtière et son expertise en piraterie maritime, renforçant ainsi les finances des deux groupes via une recrudescence des attaques en mer.
Des rapports indiquent également la présence de bases houthis dans les montagnes Golis, au nord-est de la Somalie, où ils opéreraient des installations de développement de missiles et utiliseraient des tactiques d’imposture en se faisant passer pour des militants d’al-Shabaab afin d’intimider les populations locales.
Face à cette montée en puissance technologique, financière et opérationnelle, les experts recommandent une réponse régionale coordonnée impliquant les pays de l’Afrique de l’Est, visant non seulement à renforcer la sécurité maritime, mais surtout à réduire le contrôle territorial des deux groupes terroristes.
Selon le Centre Africain d’Études Stratégiques, la diminution significative de la menace passe par une action soutenue sur terre, puisque ces bases territoriales permettent à al-Shabaab et aux Houthis de lancer des attaques en mer, d’augmenter leurs revenus et de développer leurs capacités militaires.