À l’occasion du Sommet de l’OTAN, des responsables de haut rang de la Lituanie et de l’Estonie ont souligné l’importance pour l’Europe de poursuivre ses investissements dans l’industrie militaire américaine, plutôt que de tenter de s’émanciper de son partenaire transatlantique.
Kestutis Budrys, ministre lituanien des Affaires étrangères, a déclaré que ce serait une « grosse erreur » pour l’Europe de vouloir développer ses capacités de défense sans la coopération des États-Unis. Il a insisté sur le fait qu’il y a « assez de place pour tout le monde », évoquant ainsi la complémentarité des relations transatlantiques sur cet aspect.
Margus Tsahkna, ministre estonien des Affaires étrangères, a rappelé que l’effort de réarmement européen, notamment porté par l’Allemagne, représente plusieurs milliers de milliards d’euros sur les sept à huit prochaines années. Selon lui, cette enveloppe importante suscite un fort intérêt dans l’industrie américaine de la défense. Il a aussi noté que des pays hors Union européenne comme la Corée du Sud ou la Turquie ont aussi un rôle à jouer sur ce marché.
L’Estonie et la Lituanie ont d’ores et déjà fait d’importants investissements dans l’acquisition d’équipements militaires américains, notamment des missiles AIM-120C-8, des lance-roquettes multiples M142 HIMARS, des missiles anti-char Javelin, des véhicules tactiques légers, des drones Switchblade 600, ainsi que des hélicoptères UH-60M Black Hawk.
En mars dernier, la ministre lituanienne de la Défense, Dovilė Šakalienė, a annoncé que son pays avait signé pour deux milliards de dollars de contrats avec des entreprises américaines de défense au cours des trois dernières années. Vilnius prévoit par ailleurs d’augmenter ses dépenses militaires à 5-6 % de son PIB à partir de 2026, avec un besoin estimé à au moins 8 milliards de dollars supplémentaires dans les prochaines années.
Le ministère de la Défense lituanien a indiqué en 2023 qu’il était engagé dans plus de 60 projets d’acquisition avec les États-Unis. Un mémorandum d’entente lie également Vilnius à Northrop Grumman pour soutenir les fournisseurs locaux dans la production de munitions de calibre moyen destinées aux véhicules de combat d’infanterie. Northrop Grumman a souligné que ce partenariat lui permet de partager ses technologies et son savoir-faire industriel avec l’industrie lituanienne, conformément à la politique américaine.
En Estonie, un second achat de systèmes HIMARS est à l’étude, bien que le pays explore également d’autres options auprès de concurrents américains, en raison des délais de production de Lockheed Martin. Tallinn a récemment validé un plan d’investissement militaire de quatre ans, avec un budget supplémentaire de 2,8 milliards d’euros, visant à porter ses dépenses de défense à 5,4 % du PIB en moyenne jusqu’en 2029.
Pour Margus Tsahkna, la priorité reste la définition des capacités à développer, notamment en réponse à l’usage d’armes nouvelles observées en Ukraine. Il a insisté sur la nécessité de s’intéresser à ces nouvelles solutions tout en maintenant les systèmes traditionnels de défense aérienne et les lance-roquettes multiples.
Par ailleurs, au sommet, les alliés ont approuvé une mise à jour du Plan d’action sur la production de défense. Selon l’OTAN, ce plan vise à renforcer la capacité des alliés à produire davantage et plus rapidement, dans un environnement sécuritaire en constante évolution. Il met l’accent sur la coordination des demandes, la livraison de capacités de pointe et l’accélération de la croissance industrielle de défense par des commandes à long terme et des signaux clairs adressés à l’industrie.
