Mission (pas) accomplie : Washington pense avoir gagné. Téhéran se rapproche de la bombe.


« Ce soir, je peux dire au monde que l’Iran a été complètement et totalement détruit », déclarait triomphalement Donald Trump, le 21 juin 2025. Mise en scène martiale, frappes chirurgicales, envolées patriotiques. Pourtant, derrière les effets d’annonce, la réalité du terrain est bien différente.

Un rapport préliminaire de la Defense Intelligence Agency (DIA), relayé par The New York Times, affirme que les frappes américaines n’ont retardé le programme nucléaire iranien que de quelques mois. Pire : elles pourraient avoir convaincu les dirigeants iraniens que seule l’arme nucléaire peut garantir leur survie.


L’illusion de la victoire

L’Iran conserve toujours 400 kg d’uranium enrichi à 60 %. Il suffit de peu pour atteindre les 90 % nécessaires à une bombe. Les installations ont été endommagées, pas détruites. Le cœur du programme, dispersé et protégé, reste opérationnel. Et contrairement aux annonces de la Maison-Blanche, la capacité nucléaire iranienne n’a pas été éradiquée.

L’histoire se répète. Comme après le bombardement israélien de la centrale Osirak en 1981, Téhéran pourrait relancer ses efforts en toute discrétion, cette fois avec la ferme intention d’aboutir.


Khamenei face au choix de Khomeini

Le 24 juin 2025, l’Iran a accepté un cessez-le-feu fragile. Mais ce répit rappelle celui de 1988 entre l’Iran et l’Irak : une pause forcée, amère, qui ne règle rien. Le guide suprême Ali Khamenei fait aujourd’hui face au même dilemme que son prédécesseur : céder ou survivre.

Avec la perte d’alliés clés (Assad en exil, le Hamas décapité, le Hezbollah affaibli), le régime est acculé. Pourtant, tout indique qu’il ne reculera pas. Sa doctrine est simple : ne jamais apparaître faible, surtout en période de succession interne.


Le précédent nord-coréen

Téhéran pourrait suivre la voie nord-coréenne : se retirer du Traité de non-prolifération, achever l’enrichissement, tester. Et parier que personne n’osera attaquer un Iran nucléarisé. D’autant plus que les précédents libyen, irakien ou ukrainien ont démontré une chose : ceux qui abandonnent leur programme finissent balayés.


La stratégie du chaos maîtrisé

L’Iran n’a pas besoin de vaincre militairement. Il lui suffit de faire durer, d’user les nerfs, de jouer sur les marchés du pétrole, et de semer l’instabilité dans les alliances régionales. Même affaiblie, sa capacité de nuisance reste intacte. Et pendant que Washington célèbre une victoire médiatique, Téhéran affine ses centrifugeuses.


Conclusion : l’arme atomique comme dernier rempart

Trump voulait dissuader. Il a, peut-être, précipité. Le programme nucléaire iranien est toujours debout, sa justification stratégique renforcée. Et l’idée d’une bombe iranienne, autrefois hypothèse, devient aujourd’hui une option politique tangible.

La mission est loin d’être accomplie.

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