Green Deal : Ursula von der Leyen ampute sa propre créature pour survivre politiquement

Le patient est en train d’agoniser, et le médecin sort le scalpel. Ursula von der Leyen, ex-docteur devenue présidente de la Commission européenne, tente de sauver ce qui reste de son Green Deal — quitte à lui sectionner quelques membres au passage.

Son ambitieux programme de transformation verte de l’économie européenne est désormais attaqué de toutes parts : lobbies industriels, extrême droite, agriculteurs en colère… et même son propre parti, le PPE (Parti Populaire Européen). Résultat ? La ligne change, les concessions pleuvent, et l’écologie devient accessoire dans la maison Europe.

Une thérapie de choc : amputations législatives et anesthésie idéologique

Lancé en fanfare en 2019, le Green Deal devait révolutionner l’agriculture, l’industrie, les transports, l’énergie. Objectif : neutralité carbone d’ici 2050. Mais entre les réalités politiques et les résultats des dernières élections européennes, von der Leyen a dû revoir sa copie.

Aujourd’hui, on sauve l’apparence. Le cœur du Green Deal – la loi climat et l’objectif zéro émission – est officiellement maintenu. Mais autour, on taille à la tronçonneuse :

  • Assouplissement des normes sur les moteurs thermiques

  • Abandon de la loi sur les pesticides

  • Suppression des obligations de reporting environnemental des entreprises

  • Fuite en avant sur la pollution agricole

  • Et dernière folie en date : l’enterrement programmé de la directive contre l’éco-blanchiment (greenwashing)

Le PPE dicte l’agenda, et la Commission s’exécute

Sous la pression de Manfred Weber, le patron du PPE et nouveau parrain de la majorité de droite au Parlement européen, von der Leyen opère un repli stratégique. Elle garde les grands slogans ("zéro carbone", "neutralité climatique"), mais vide les textes de leur substance.

La justification ? "Simplification", dit le cabinet de von der Leyen. Traduction : moins de normes pour les multinationales, et moins de conflits avec les États membres qui freinent des quatre fers.

Et maintenant ? L’objectif 2040 en danger

Prochaine bataille : la cible climatique pour 2040, censée préparer le terrain vers 2050. Là encore, la France, l’Italie et d’autres font pression pour qu’on repousse, assouplisse, dilue. Et la Commission semble prête à céder, autorisant par exemple les États à “externaliser” leurs réductions d’émissions vers des pays du Sud. Un crédit carbone néocolonial, en somme.

Von der Leyen tient encore à ses 90 % de réduction, mais pour combien de temps ?


Le mot de la fin : traitement préventif ou euthanasie politique ?

Le Green Deal devait être une révolution verte. Il devient une opération de communication masquant une retraite en rase campagne face aux intérêts économiques dominants. Ursula von der Leyen administre désormais à sa propre création un traitement palliatif, espérant sauver la façade sans affronter les causes profondes.

La question qui se pose : quand le virus idéologique aura gangréné tout le corps, que prescrira-t-elle ? Les sangsues ? L’aspirine verte ? Ou l’euthanasie législative ?

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