Le 29 juin 2025, Libération a rendu public un document particulièrement sensible : le journal intime de Florian M., le policier qui a abattu Nahel Merzouk à Nanterre en juin 2023. Ce manuscrit de trente pages, écrit alors que Florian M. était incarcéré à la prison de la Santé, offre un témoignage inédit, où l’agent dénonce sa situation et exprime son sentiment d’injustice.
Dès les premières lignes, le policier exprime son amertume : il se sent sacrifié pour apaiser les tensions sociales, regrettant que sa présomption d’innocence ait été mise de côté au profit d’une « paix sociale » fragile. Il déplore notamment la prise de position d’Emmanuel Macron, qu’il accuse d’avoir choisi de le « sacrifier » en qualifiant son acte d’« inexcusable ». Florian M. fait également état de sa déception envers l’État, qu’il accuse de soutenir un « jeune délinquant multirécidiviste » au détriment des forces de l’ordre.
La révélation de ce journal soulève plusieurs interrogations. Comment ce document, écrit en cellule, a-t-il pu se retrouver dans les mains de la presse ? Selon l’Observatoire du journalisme, il aurait été transmis aux juges avant de fuiter vers certains médias. Certains évoquent aussi la possibilité d’une diffusion par les avocats de la partie civile. Quoi qu’il en soit, cette fuite représente une violation flagrante du secret de l’instruction, un principe fondamental garantissant la confidentialité des enquêtes en cours.
La publication ne se limite pas au contenu du journal : Libération a également révélé le lieu de mutation du policier, une information sensible qui a rapidement été exploitée par des militants d’extrême gauche, exposant Florian M. à des menaces potentielles. Cette mise en danger soulève une nouvelle fois la question de l’éthique journalistique face à la liberté d’informer.
La diffusion illégale de documents confidentiels liés à des procédures judiciaires n’est pas un phénomène nouveau. Certains médias, comme Mediapart, ont même mis en place des systèmes sécurisés pour recueillir de tels documents, jouant un rôle ambigu entre information et violation du secret. Des personnalités politiques, dont Nicolas Sarkozy, ont dénoncé ces pratiques, qui parfois mettent en cause l’intégrité du système judiciaire.
Cette affaire illustre les tensions entre la justice, la presse et la protection des individus concernés. Alors que le procès de Florian M. se profile, cette fuite risque de compliquer encore davantage une affaire déjà lourde de conséquences humaines et sociales.