À chaque nouvelle vague de chaleur, l’opinion publique pointe logiquement du doigt le réchauffement climatique. Mais si notre époque connaît une intensité inédite dans la fréquence et l’amplitude des phénomènes, elle n’en détient pas l’exclusivité historique. Des étés accablants ont marqué l’Europe bien avant l’ère industrielle. Trois exemples frappants : 1540, 1718-1719 et 1911.
L’année 1540 est probablement la plus sèche jamais enregistrée en Europe. Durant plusieurs mois, il n’aurait pratiquement pas plu dans certaines régions, du Rhin à la Méditerranée. Le fleuve Rhin devient franchissable à pied, les moulins de Rome cessent de tourner, et les récoltes sont détruites par une sécheresse dévastatrice.
Des études récentes estiment que les températures de cet été-là dépassaient de 4,7 à 6,8 °C celles de la canicule de 2003. Les conséquences furent immenses : famines, maladies, migrations forcées, prières collectives pour la pluie.
Ironie du climat, alors que l’Europe subit le « petit âge glaciaire », une vague de chaleur intense frappe en 1718, suivie d’une sécheresse qui persiste en 1719. Le bilan humain est tragique : 700.000 morts selon les estimations. Des essaims de sauterelles ravagent les cultures, et un climat saharien s’installe en région parisienne.
La famine, mais aussi les épidémies de dysenterie, de typhus, et les conditions de vie insalubres, achèvent d’affaiblir une population déjà vulnérable. L’Église organise alors processions et jeûnes, faute de réponse étatique.
Sous la IIIe République, l’été 1911 marque les esprits. À Paris, on frôle les 39 °C, certains thermomètres de rue montent à 47 °C en plein soleil. La presse parle d’un enfer sur les boulevards, les fontaines sont prises d’assaut, les puits s’assèchent, les récoltes brûlent sur pied.
Selon RetroNews, près de 40.000 personnes décèdent, notamment des enfants et des personnes âgées. L’été ne se termine qu’en septembre, après plus de deux mois de chaleur accablante.
Conclusion : La chaleur, une vieille ennemie
Oui, le réchauffement climatique actuel est bien réel, aggravé par les émissions humaines. Mais il ne faut pas perdre de vue que les extrêmes climatiques ne sont pas une nouveauté. Avant même l’invention du moteur à explosion, nos ancêtres ont subi des étés brûlants et parfois plus meurtriers que ceux d’aujourd’hui.
L’histoire climatique de l’Europe montre que le soleil n’a jamais cessé d’imposer sa loi… parfois cruelle, toujours imprévisible.