Le Parti socialiste a annoncé mercredi son intention de voter en faveur de la chute du gouvernement de Michel Barnier, après une réunion de plus d'une heure jugée infructueuse. Patrick Kanner, chef du groupe socialiste au Sénat, a confirmé sur BFM TV que Barnier n’avait présenté « aucune proposition concrète » pour rallier leur soutien à son gouvernement minoritaire.
Pour Kanner, Barnier représente « la continuité des politiques menées depuis sept ans par Emmanuel Macron, qui ont conduit à un déficit sans précédent. »
Le projet de budget controversé de Barnier, débattu depuis des semaines au Parlement, prévoit 40 milliards d’euros de coupes budgétaires et 20 milliards d’euros de hausses d’impôts pour réduire un déficit budgétaire attendu à 6,1 % du PIB en 2024. Faute de majorité, le gouvernement pourrait recourir au 49.3 pour forcer son adoption. Mais cela donnerait aussi l’occasion aux députés de proposer une motion de censure, dont l’adoption entraînerait la chute du gouvernement et le rejet du budget.
Dans ce contexte, le vote socialiste s’avère crucial. Soutenu par une coalition étroite de centristes et de divers droites, Barnier doit obtenir l’appui tacite d’un autre grand groupe pour éviter un effondrement. Toutefois, le Rassemblement National, initialement prêt à jouer les arbitres, menace désormais de voter contre.
Les socialistes, alliés au sein du Front populaire avec d'autres partis de gauche, restent fermement opposés à Barnier et à ses propositions. Malgré les appels du gouvernement à privilégier la stabilité pour éviter des turbulences financières, Kanner a déclaré : « M. Barnier est sous l’influence de l’extrême droite, qu’il s’adresse à eux s’il veut éviter une motion de censure. Nous sommes l’opposition. »
Marine Le Pen, leader du RN, a averti que son parti pourrait également soutenir une motion de censure si ses revendications ne sont pas prises en compte, qualifiant le budget de « mauvais, injuste et brutal ». Un récent sondage Ipsos révèle que 53 % des Français, dont 73 % des sympathisants socialistes, soutiennent une motion de censure.
Le sort du gouvernement Barnier, en place depuis seulement deux mois, repose désormais sur des négociations tendues avec des partis hostiles, face à un climat politique et économique de plus en plus instable.