Une récente enquête conjointe avec le Doublethink Lab, un institut taïwanais, révèle que le gouvernement chinois mène des campagnes d'influence sur les réseaux sociaux pour contester les revendications territoriales indiennes et critiquer les autorités dans les États du nord-est de l'Inde. Ces opérations, visant à exploiter les tensions ethniques et politiques locales, coïncident avec les élections générales indiennes de 2024, période particulièrement sensible sur le plan social et politique.
Manipur : une cible privilégiée des campagnes de désinformation
Le conflit ethnique en cours dans l'État du Manipur, opposant les communautés Meitei et Kuki depuis mai 2023, a été un thème central des campagnes d'influence chinoises. Les affrontements ont causé la mort de 221 personnes et le déplacement de 60 000 individus. Pékin aurait amplifié les tensions en soutenant indirectement des groupes armés locaux via des réseaux basés au Myanmar.
Sur les réseaux sociaux chinois, des récits manipulateurs, traduits puis diffusés en Inde, prétendaient que le Manipur était une "petite Chine en Inde" ou accusaient le gouvernement indien de mener des "campagnes de répression contre les minorités". Ces récits ont ensuite été propagés sur des plateformes occidentales comme X et YouTube, via des comptes inauthentiques et coordonnés.
Les caractéristiques des comptes inauthentiques
Les comptes utilisés dans ces campagnes présentent des caractéristiques typiques de réseaux de désinformation sophistiqués. Ils suivent un modèle déjà observé dans des campagnes similaires ciblant l'Australie et Taïwan. Ces comptes se servent souvent d'images de femmes occidentales pour paraître authentiques et recyclent des publications existantes, parfois avec des erreurs dans les traductions ou les hashtags.
Les objectifs stratégiques du Parti communiste chinois (PCC)
Ces campagnes s'inscrivent dans une stratégie plus large du PCC visant à déstabiliser les démocraties voisines tout en poursuivant ses ambitions territoriales. Le nord-est de l'Inde, en particulier les États du Manipur et de l'Arunachal Pradesh, est un point de tension géopolitique. Alors que Pékin affiche publiquement une volonté de stabilité avec l'Inde, ces actions en coulisse révèlent une tentative active de diviser et de déstabiliser.
Une réponse nécessaire des démocraties
Malgré l'échec relatif de ces opérations en Inde, elles soulignent l'importance de contrer les campagnes de désinformation. Les démocraties devraient renforcer leur collaboration pour identifier et exposer ces tactiques, imposer des sanctions financières aux entreprises impliquées et surveiller les activités des médias affiliés à l'État chinois.
Ces efforts contribueront à limiter les capacités du PCC à mener ces opérations en toute impunité, tout en renforçant la résilience des démocraties face à de telles ingérences.