Le Royaume-Uni fait face à une guerre sans bombes ni chars. Selon plusieurs analystes, le pays est sous attaque constante, non pas sur le champ de bataille, mais dans le cyberespace, l’économie et l’information. Des groupes pro-russes comme NoName057(16) ont récemment paralysé des sites britanniques, tandis que l’attaque de Viasat en 2022 a révélé la vulnérabilité des réseaux satellites.
Cette “guerre dans l’ombre” redéfinit la défense nationale. Le gouvernement britannique, à travers sa National Security Strategy et sa Strategic Defense Review, veut moderniser son approche face aux menaces hybrides — mais les moyens financiers ne suivent pas. Le cap des 3 % du PIB pour la défense reste flou, alors que les pressions sur les forces armées augmentent plus vite que les investissements.
“Nos ennemis n’attaquent plus avec des tanks, mais avec du code, des satellites, et l’économie”, résume un membre du groupe Resilience Working Group.
Face à cette réalité, certains estiment que la clé se trouve… dans la City de Londres, cœur financier du pays. Avec des géants comme BAE Systems, Rolls-Royce et un écosystème universitaire riche en innovation, le Royaume-Uni possède le savoir-faire technologique et le capital privé. Mais les règles ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) freinent les investissements dans la défense, jugée “non éthique” par certains fonds. Résultat : start-ups dé-bancarisées, projets freinés, et manque de “capital patient” pour des secteurs stratégiques comme l’intelligence artificielle, le spatial ou la cybersécurité.
Pour briser cette inertie, le Resilience Working Group recommande deux actions urgentes :
1️ Débloquer le capital privé pour permettre à l’innovation de défense de croître rapidement.
2️ Créer un “Defense Growth Fund”, soutenu par l’État, pour aider les start-ups à passer du laboratoire au marché.
“La sécurité et la prospérité ne sont pas opposées — elles sont interdépendantes. Tant que nous ne relierons pas les deux, nous resterons vulnérables.”
Dans un contexte de hausse mondiale des dépenses militaires (+9,4 % en 2024), Londres cherche désormais à fusionner puissance financière et résilience nationale. Une nouvelle forme de mobilisation est en marche — silencieuse, économique, mais décisive.
